RÉFLEXION | Mai : Le mois du commerce équitable

LAURENCE AMMANN-LANTHIER | RÉFLEXION

Mai : Le mois du commerce équitable

Le mois de mai, c’est le mois du commerce équitable.

Nous, jeunes milléniaux comme on aime nous qualifier, avons grandi dans une économie globale et néo-libérale. Tsé, celle qui s’est trouvée des excuses pour justifier la priorisation du profit over people, auquel je me permet d’ajouter profit over planet. N’ayant jamais vu les choses autrement, ces systèmes à grande échelle qui nous permettent de subvenir à nos besoins peuvent nous paraitre normaux. « C’est comme ça ». Mais, si on prend vraiment conscience de ce qu’il se passe, cette normalisation est effrayante.
Est-ce que l’exploitation c’est rendu normal ? Je pense que le concept de « la banalité du mal » d’Hannah Arendt s’appliquerait bien ici.

Le Fairtrade, maudit que c’est dommage que ça se trouve à exister.

C’est-à-dire, on a été obligé de créer ce concept parce que autrement le commerce “business as usual” viole les droits de la personne et renverse complètement et agressivement l’équilibre des biomes.

Disons que nos systèmes économiques ne nous facilitent pas la tâche de poser des actions qui sont équitables. Les valeurs culturelles dans lesquelles on a grandi, d’ailleurs, supportent aussi la consommation en masse dans cette chaîne de production. Fast fashion, obsolescence programmée, supermarchés, etc. Ça transparait aussi dans la manière qu’on interagit avec les autres : on jauge peut-être trop les gens selon ce qu’ils portent, ce qu’ils conduisent, et peut-être pas assez selon ce qu’ils font et ce qui les fait rire.
Ouf, maudit qu’on a de la déprogrammation à faire rendus jeunes adultes.

La chaîne de production est immense et ses différentes composantes s’étendent et se divisent dans tous les coins de la planète, à toutes les échelles sociales. Tabarouette. Avec ça, comment faire pour ne pas soutenir l’oppression de travailleurs et travailleuses et la dégradation d’écosystèmes ? Il faut bien que je mette du pain sur la table et ce sont les options qui se présentent à moi. Pour vrai, qu’est-ce que je peux faire ?
Voici mes humbles réflexions :

1 – Amis et amies, ne défaillons pas sous le poids du monde. C’est important de garder le moral. Pour être des agent(e)s du changement de manière durable, il faut d’abord qu’on s’occupe de nous et qu’on se permette de cultiver le bonheur malgré tout.

2 – Nous contrôlons nos actions, et ça, c’est notre pouvoir. Si nous avons le privilège d’avoir le temps et les ressources, nous pouvons nous informer et modifier nos actions, au meilleur de nos habiletés. Comme l’a dit Anne-Marie Bonneau, il ne s’agit pas que quelques personnes entreprennent le mode de vie de zéro-déchet parfaitement, mais que des millions de personnes l’entreprenne de manière imparfaite. Ce concept s’applique à tout changement dont la planète et l’être humain a besoin : faisons ce que nous pouvons, tous ensemble.

Donc, le commerce équitable, kosséça ?

Le commerce équitable essaie de créer un système économique alternatif au système néolibéral qui exploite tant. Le commerce équitable construit un réseau de connections humaines qui relie des personnes à des produits avec comme priorités le respect des droits de toutes les personnes dans cette chaîne de production, et le respect et la régénération de l’environnement. C’est, tout simplement, comment les interactions humaines devraient être en général. Le site web de Fairtrade Canada explique bien ses valeurs et ses projets.

Si nous pouvons se le permettre, et dans la mesure du possible :

3 – achetons des produits équitables

4 – achetons localement

5 – faisons-le nous-même (DIY)

6 - échangeons un produit avec quelqu’un dans notre communauté. Les réseaux comme le Buy Nothing Project ou Freecycle, nous permettent de donner un autre usage à un objet qui serait autrement jeté.

Ces options nous aident à identifier l’origine et le trajet de notre produit, et les impacts que sa production a eus. Ça nous évite de, sans le savoir, acheter quelque chose qui a été produit par une personne sous-payée, avec des méthodes qui dévastent les habitats naturels des plantes et animaux. Par exemple.
Avec nos dollars, nous sommes en mesure de soutenir des commerces éthiques et, peu à peu, de continuer la transition vers des relations commerciales équitables.

Pendant le mois de mai, et pendant le confinement où nous avons peut-être plus de temps à réfléchir, faire de la recherche, essayons de mieux comprendre et questionner les impacts de nos actions !

De manière imparfaite, continuons à construire le réseau du commerce équitable.