PARTAGE | Julien et les tortues marines

JULIEN NAYET-PELLETIER

Julien et les tortues marines

Pendant le dernier mois de mars, j’étais au Costa Rica en train de faire du bénévolat pour la protection des tortues marines, plus particulièrement les tortues olivâtres. Ces tortues sont reconnues par leurs habitudes lors de la ponte des œufs. Elles vont pondre individuellement tout au long de l’année ou tout en même temps pendant une période de deux à trois jours. Cette période s’appelle l’arribada, qui veut dire « arriver » en espagnol. Je n’ai pas pus assister à cela à cause de Covid 19, mais les tortues m’on quand même fait vivre une expérience extraordinaire et réflective, dont j’avais besoin.

Depuis l’année 2012, j’ai étudié la biologie afin de devenir scientifique. Par contre, j’ai remarqué que même si j’aimais parler et apprendre au sujet de la vie qui nous entoure, la recherche scientifique demandait trop de l’organisation, que je n’ai vraiment pas. Puisque j’aime parler au sujet de la biologie, j’ai alors décidé, avec les avis de mes amis, de devenir enseignant. Le problème est que non seulement travailler en éducation demande autant d’organisation que la recherche scientifique, mais en plus, personne ne veut parler au sujet de la biologie dans le salon des profs. J’ai donc abandonné ce parcours pour ma santé mentale. J’avais passé presque huit ans en université à poursuivre un but précis, alors mes amis m’ont de suite recommandé de voyager et de faire du bénévolat pour me redécouvrir.

Je ne savais vraiment pas comment un voyage allait me recentrer. Surtout qu’au début, rien ne semblait très différent de ma vie habituelle qui consiste d’éduquer le monde au sujet des organismes vivants et de faires capoter ces mêmes gens avec mon statut de francophone hors-Québec. C’était fun, mais rien de très révélateur. 

Tout a commencé à changer pendant ma première patrouille de tortues.

Parcourir une plage le soir à côté d’un océan qui nous lançait des vagues qui faisaient peur aux bénévoles australiens était du jamais vu pour un gars des prairies.

Soudainement, nous avons entendu le bruit d’une tortue en train de creuser un nid. Quand elles font ça, ça fait penser à un enfant en train de jouer dans la neige. Elles commencent par planifier le nid en bougeant leurs pattes d’en avant, comme si elles faisaient un ange. Ensuite, leurs pattes de derrière, qui ont l’aire à des mitaines, prennent des poignés de sable et le lance au loin, parfois dans notre face si on est trop près. On attend alors qu’elle ponde au moins 20 œufs car son corps relâche assez d’hormones pour qu’on puisse la mesurer et la taguer sans la déranger. C’est toujours émouvant de pouvoir être si près et de même pouvoir toucher un animal sauvage. Quand tout est terminé, la tortue rampe lentement vers l’océan. Une vague passe au dessus d’elle et on ne la voit plus. 

Les tortues olivâtres sont beaucoup plus grandes que les tortues qu’on voit au Canada, mais elles sont une des plus petites tortues marines sur Terre, avec une carapace d’environ 60cm de long en moyenne. C’est deux fois la taille de nos tortues serpentines (les snappers), mais rien comparées à la tortue luth qui peut mesurer deux mètres de long. Les tortues olivâtres sont aussi extrêmement petites comparé à l’océan qu’elles parcourent pendant leur vie depuis 120 millions d’années, qui est l’âge de Desmatochelys padillai, le plus vieux fossile de tortues marines, trouvé en Colombie. 

En pensant à tout ça, mes années passées en Université semblaient assez insignifiantes. Les tortues ont commencé à pondre leurs œufs bien avant que je commence mes cours universitaires et même avant que mon espèce existe. Il y a aussi pleins d’autres organismes vivants avec leurs vies uniques qui ont besoin d’aide. J’ai passé beaucoup de temps à lire et étudier au sujet d’eux, alors c’est peut-être le temps d’aller les rencontrer en personne. Ma vie n’a pas besoins d’être défini par une chose.

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